Imagine. Tu te réveilles un matin et tu découvres qu’une commande est passée toutes les 30 secondes sur ton site web..
Pendant deux semaines, c’est exactement ce qui est arrivé à Antoine Corbineau avec sa carte de Paris.
Une illustration postée presque par hasard qui a explosé sur un blog américain.
Résultat ? Des centaines d’affiches à préparer, des nuits blanches et des allers-retours quotidiens à la poste.
Aujourd’hui, Antoine collabore avec de grandes marques et il a créé l’univers des Mini Mondes.
Son parcours ? Un savant mélange de hasard, de travail acharné et de stratégies bien pensées.
Dans cet article, tu vas découvrir comment Antoine a construit une carrière durable en tant qu’illustrateur freelance.
Comment il a transformé des projets personnels en véritables générateurs de clients.
Et aussi, pourquoi travailler avec des agents a changé la donne pour vivre de l’illustration en freelance.
Le déclic : comment Antoine a trouvé sa voie dans l’illustration par hasard

Un parcours atypique qui ne menait pas à l’illustration
Antoine n’avait pas prévu de devenir illustrateur.
Après une prépa à Paris, il intègre les Arts Déco de Strasbourg pour cinq ans. Une école réputée notamment pour sa section illustration. Mais Antoine ne s’y inscrit même pas.
Je n’étais pas du tout dans cette section parce que je disais que j’avais pas un niveau de dessin extraordinaire.
Pourtant, il dessine. Il peint aussi, avec des couleurs vives et beaucoup de textes. Mais il se compare à ses camarades qui « dessinaient super bien et qui savaient qu’ils voulaient faire de la BD depuis qu’ils étaient nés. »
La rencontre qui a tout changé à New York
En 2008, fraîchement diplômé, Antoine décroche un stage à New York. Il y reste finalement six mois dans une super agence.
C’est là qu’il rencontre Milton Glaser. Oui, THE Milton Glaser. Le créateur du logo « I Love NY » avec le cœur rouge. Antoine livre un panier gourmand puis un DVD d’animation à son studio. Il a l’occasion d’échanger avec le designer.
Cette rencontre le marque profondément. Il découvre un modèle de travail qui le fascine : un petit studio, une équipe sympa, et surtout un travail ultra varié avec plusieurs écritures graphiques.
L’idée germe : et si lui aussi pouvait avoir un studio d’illustration avec des projets différents ?
Le retour forcé en France et le passage au freelance
Fin 2008, la crise des subprimes frappe. L’agence new-yorkaise annule le projet de visa d’Antoine. Il rentre en France, travaille six mois dans une agence parisienne. Mais ça ne lui convient pas.
Alors il multiplie les entretiens. Pas forcément pour trouver un job, mais pour discuter. Et c’est là que tout bascule.
Les retours qu’il reçoit sur son portfolio sont clairs : les gens adorent sa peinture. Pas son graphisme. Sa peinture colorée, pleine d’informations et de textes.
Ça a dérivé comme ça, vraiment par accident.
En échangeant avec des directeurs artistiques, il réalise qu’il existe une voie dans l’illustration qui pourrait lui correspondre. Une voie qu’il ignorait totalement.
Ce qu’il faut retenir : Ne t’enferme pas dans une case dès le départ. Parfois, écouter les retours extérieurs te révèle une direction inattendue. Antoine pensait ne pas avoir le niveau pour l’illustration. Aujourd’hui, c’est son métier.
Comme Antoine, tu dessines, tu crées, mais tu ne sais pas trop comment transformer cette passion en vrai métier ?
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La stratégie du projet viral : semer des « graines » qui génèrent des clients

L’apprentissage par l’expérimentation
Avant de créer sa fameuse carte de Paris, Antoine expérimente pendant des années.
Il réalise d’abord deux cartes de l’Italie pour un distributeur de produits alimentaires et de vin. Puis, il décroche un contrat de quatre ans avec Bruxelles Airlines. Tous les mois, il crée une petite carte d’un quartier pour leur magazine dans les avions.
Le directeur artistique anglais lui donne carte blanche.
Et Antoine s’amuse. Il teste des styles différents chaque mois. De manière complètement expérimentale. Certains fonctionnent. D’autres moins.
Mais cette liberté lui permet de trouver une écriture qui lui plaît. Un style avec des petits patchworks, colorés et denses en informations.
La carte de Paris : anatomie d’un succès viral
Un jour, Antoine décide de faire Paris en entier dans ce style. Il vient de quitter la capitale pour s’installer à Nantes. C’est un peu son hommage à la ville.
Il poste la carte sur son site. Un blog américain tombe dessus et écrit un article. Ce blog a un trafic énorme.
Et là, c’est l’explosion.
C’était vraiment une commande toutes les 30 secondes pendant deux semaines.
Il avait mis une petite édition de posters en vente sur sa boutique en ligne. Juste avant Noël, en plus.
Les ventes explosent. Vraiment.
Antoine ne dort plus beaucoup. Il doit se réapprovisionner en cartons solides. Les commandes partent principalement vers les États-Unis. Il écrit toutes les adresses à la main. Tous les jours, il charge sa voiture et part à la poste.
Nantes : quand le succès local dépasse Paris
Après Paris, Antoine se lance dans la carte de Nantes. Mieux organisé, il anticipe.
Le succès est encore plus fort. Le bouche-à-oreille fonctionne à merveille, notamment sur Twitter. Des passionnés d’architecture et de la ville partagent son travail.
L’office du tourisme de Nantes le soutient dès le début. La carte arrive au moment du Voyage à Nantes, quand la ville se transforme en référence artistique.
Neuf ans plus tard, la carte se vend toujours.
Il y a des gens qui la revendent parce qu’ils disent que tout le monde l’a.
Le dentiste, le kiné, les amis… Beaucoup de Nantais possèdent cette affiche.
L’imperfection comme stratégie marketing
Voici un détail crucial : la carte de Nantes contenait des erreurs. Antoine ne connaissait pas très bien la ville. Il a inversé deux quartiers. Fait des choix discutables.
Mais ces imperfections ont créé de la conversation.
Sur Twitter, des gens lui écrivaient : « J’ai acheté, mais là, je ne comprends pas pourquoi vous avez mis ça ici. » Antoine répond, échange. Il pourra corriger dans les prochaines éditions.
La leçon pour toi : Les projets personnels sont des « petites graines » qui vont s’implanter chez les gens. Antoine estime qu’au moins un tiers de ses projets découlent de ces cartes. Des clients les voient chez des amis. Ça leur donne des idées. Le bouche-à-oreille s’enclenche.
Comme Jérémy en motion design, Antoine a compris que les projets personnels sont la clé pour décrocher les gros clients
Collaborer avec des marques prestigieuses : Hermès, Dior et au-delà

Le défi du style coloré dans le luxe
Au début de sa carrière, Antoine se heurte à un mur. Son style très coloré pose problème.
Il rate des compétitions. Des projets lui passent sous le nez parce que son univers semble incompatible avec certaines marques.
Difficile de se faire une place avec un style qui détonne.
Hermès : le projet qui change tout
Puis arrive le projet avec Hermès. Un directeur artistique se projette avec le travail d’Antoine. Il lui fait confiance.
Ce projet change complètement la donne.
Ça a vraiment fait un petit palier dans la perception que les gens ont eu de mon travail.
Avoir une illustration colorée avec le logo Hermès ? Ça envoie un message. Les autres marques se disent : « C’est vrai que ça va, c’est pas incompatible. »
Au contraire. Le style d’Antoine adoucit parfois « le côté un peu snob de certaines marques. »
Après Hermès, d’autres suivent comme Dior et son portfolio se diversifie.
Comment décrocher ces collaborations ?
Pour Antoine, la clé réside dans deux éléments.
D’abord, il faut tomber sur un directeur artistique qui se projette. Quelqu’un qui ose penser différemment. Qui arrive à convaincre son équipe que oui, ça peut fonctionner.
Ensuite, il faut être capable d’adapter son dessin.
Il faut que je me fonde un peu dans l’univers de la marque, dans son identité. Il faut que ce soit compatible.
C’est du travail de commande. Antoine reste fidèle à son style, mais il l’harmonise avec la marque. C’est cet équilibre qui fait la différence.
Le portfolio actuel : de la variété pour vivre de l’illustration en freelance
Aujourd’hui, Antoine travaille sur des projets ultra variés. Les Mini Mondes occupent une partie régulière de son temps depuis quatre ans. Il crée aussi une grande carte de France pour Airbnb. Il a réalisé un projet pour un jeu vidéo en Angleterre.
Et puis il y a Vanity Fair, Google, Orange, le Club Med, la ville de Nantes.
Cette diversité lui permet de vivre confortablement de l’illustration en freelance. Sans s’enfermer dans un seul type de projet.
Travailler avec des agents : pourquoi et comment ?

Les bénéfices concrets d’avoir un agent
Antoine travaille avec des agents. Pour lui, c’est essentiel.
Premier avantage : la gestion administrative. Les agents s’occupent des devis, des négociations, du suivi des projets, de la facturation. « C’est quand même un travail assez chronophage et un peu stressant aussi. »
Deuxième avantage : le soutien au quotidien. « On se parle tous les jours », explique Antoine. Ce ne sont pas juste des intermédiaires commerciaux. Ce sont de vrais partenaires. Ils l’aident à construire une carrière sur le long terme.
Son agent anglais représente des illustrateurs depuis presque 40 ans. C’est une relation stable, fidèle. Un vrai métier.
Troisième avantage : la négociation des tarifs. Et c’est peut-être le plus important.
Les agents défendent les prix. Ils maintiennent des tarifs viables sur la durée. Ils ne se laissent pas intimider.
Ils négocient mieux et au final, le pourcentage est vite compensé par le fait qu’ils font ça mieux que moi.
Quand tu es seul face à un client, tu peux vite céder. Te dire que si tu es « trop capricieux », tu vas rater le projet. Alors tu acceptes de brader ton travail.
Le modèle économique : un pourcentage qui se justifie
Les agents prennent généralement un pourcentage sur chaque projet.
Antoine a le droit de gérer seul les jobs qui arrivent en direct. Pourtant, il passe 98% du temps par ses agents. Pourquoi ?
Parce que leur négociation compense largement la commission. Il gagne plus au final qu’en gérant tout seul.
C’est un calcul simple mais efficace pour vivre de l’illustration en freelance de manière pérenne.
Comment Antoine a trouvé ses agents
L’agent français : Un contact lors d’un entretien dans une agence parisienne. Une personne du service lui dit : « Tu devrais aller rencontrer telle personne, elle connaît plein d’agents. »
Cette personne le met en contact avec un agent. Qui lui dit : « C’est trop tôt, on verra. »
Antoine en trouve un autre rapidement. Puis des années plus tard, il revient vers le premier agent rencontré. Celui-là même qui l’avait refusé au début. Aujourd’hui, ils travaillent ensemble.
L’agent anglais : Antoine le contacte au même moment que l’agent français. Réponse ? Deux ans plus tard.
Oui, tu as bien lu. Deux ans.
Mais aujourd’hui, c’est une collaboration stable et fructueuse.
La leçon ici : La patience paie. Parfois, il faut attendre deux ans pour une réponse. Démarcher des centaines de fois. Mais quand ça fonctionne, c’est sur le long terme.
On t’aide à construire ces relations pro dans le Campus des Créateurs Nomades.
Mini Mondes : créer et développer un univers de marque

Un projet qui évolue avec le temps
Depuis quatre ans, Antoine accompagne les Mini Mondes. Au départ, c’était une marque de jouets en plastique recyclé fabriquée en France.
Maintenant, ce sont surtout des magazines mensuels pour enfants. Des guides de voyage immersifs qui font découvrir des pays chaque mois. Une petite famille de personnages parcourt le monde en van et en bateau. Ils rencontrent des locaux, découvrent la cuisine, la musique.
Antoine a créé les personnages dès le début. La direction artistique. L’identité visuelle globale. Il a aussi participé à l’évolution du projet au fil du temps.
Passer d’un one-man show à une équipe
Rapidement, Antoine ne peut plus assurer seul le rythme des deux magazines mensuels. Il forme alors des illustratrices pour développer l’univers qu’il a créé.
Comment faire pour que d’autres personnes dessinent dans ton style ? Antoine a progressivement construit une bible graphique.
Des règles sur les habits. Les proportions. Les couleurs.
On a une sorte de banque d’images, des petites règles à respecter. On a construit ça progressivement.
Avant, Antoine improvisait. Il utilisait les mêmes couleurs, mais n’avait jamais pris le temps de créer un nuancier. De le mettre à disposition. De s’assurer que tout le monde le respecte.
Cette formalisation lui a pris du temps. Mais elle est essentielle pour scaler un projet.
L’évolution du rôle d’Antoine
Au début, il faisait tous les personnages. Chaque mois, une famille complète pour chaque destination. Il faisait aussi la gamme de couleurs. La couverture. Les pictogrammes.
Les illustratrices géraient le reste : les jeux, les images des histoires, les décors.
Aujourd’hui, son rôle a encore évolué. Depuis quelques mois, Antoine écrit les histoires.
Comme ce sont des personnages que j’ai créés, j’ai leur caractère en tête.
Il regarde ce que font les illustratrices, mais se concentre davantage sur la narration.
Ce qu’il faut retenir : Documenter tes règles créatives te permet de déléguer. Et donc de développer des projets plus ambitieux. Sans ça, Antoine ne pourrait pas maintenir deux magazines mensuels. Avec une équipe bien formée, c’est possible.
Les 3 conseils d’Antoine pour vivre de l’illustration en freelance

1. Développe une écriture personnelle et « tout-terrain »
Premier conseil d’Antoine : trouve une écriture vraiment personnelle. Originale si possible.
Mais attention. Pas une écriture trop à la mode.
Il faut avoir quelque chose qui soit à la fois moderne, mais en même temps un peu intemporel.
Pour vivre de l’illustration en freelance, tu dois aussi être polyvalent. Ton style doit pouvoir s’adapter à différents univers. Du grand public au luxe. Des magazines aux marques.
Pourquoi ? Parce que les magazines ne paient pas toujours très bien. Le gros de l’activité, ce sont les entreprises. Les marques. Les domaines plus grand public.
Avoir une écriture qui passe partout te donne plus d’opportunités.
2. Travaille constamment et sois proactif
Deuxième conseil : bosser. Beaucoup. Même quand tu n’as pas de commandes.
Antoine a toujours des listes de projets personnels qu’il veut réaliser. Récemment, il a fait une série de cabanes. Des groupes de rock aussi. Sans aucune commande derrière.
Pourquoi ? « Ce sont des petites graines qui vont inspirer justement un directeur artistique. »
Un jour, quelqu’un verra ses cabanes. Se dira : « Pour mon projet, ce truc avec ces cabanes-là, c’est super. Ça pourrait être adapté. »
Les projets personnels nourrissent les projets professionnels. Ils montrent ton univers. Ils te donnent de la matière pour ton portfolio.
Et surtout, ils te gardent créatif et motivé entre deux commandes.
Fanny a aussi utilisé cette stratégie des projets personnels. Découvre le parcours d’une illustratrice freelance qui a trouvé ses clients idéaux.
3. Démarche activement et montre ton travail
Troisième conseil : ne reste pas dans ton coin à attendre que les clients tombent du ciel.
Antoine, au début, envoyait des petites cartes postales par mail. Une compilation de ses travaux.
Il l’a fait des centaines de fois pour les premières années.
Le taux de retour ? Très faible proportionnellement. Mais les quelques retours qu’il a eus ont généré ses premiers jobs. Et ça a été très utile.
Aujourd’hui, c’est plus facile. LinkedIn permet de trouver les bonnes personnes. Les contacter directement. Pas besoin de se perdre dans des organigrammes compliqués.
Instagram aussi, même si Antoine ne l’utilise pas énormément.
L’important c’est d’être dynamique.
Il faut essayer d’être plus productif, plus dynamique, plus original que les autres.
Oui, il y a beaucoup de concurrence. Beaucoup d’illustrateurs. Mais si tu combines une écriture forte, un travail constant et un démarchage régulier, tu te démarques.
Pour aller plus loin, découvre aussi tous les conseils pour bien vivre de l’illustration en freelance.
Ce qu’il faut retenir du parcours d’Antoine

Le parcours d’Antoine montre que vivre de l’illustration en freelance est possible. Même si au départ, tu penses ne pas avoir le niveau. Même si tu ne viens pas de la section la plus réputée.
Les trois piliers de son succès :
1. Les projets personnels. Les cartes de Paris et Nantes ont généré des opportunités incroyables. Elles sont devenues des « graines » plantées chez des milliers de personnes. Certaines ont germé en collaborations avec des grandes marques.
2. Les agents. Travailler avec des agents a professionnalisé son activité. Ils négocient mieux et maintiennent des tarifs viables. Ils le soutiennent au quotidien pour construire une carrière durable.
3. Le travail constant. Antoine n’a jamais arrêté de créer. Même sans commandes. Il explore, teste, produit. Cette régularité nourrit son portfolio et attire les clients.
Et puis, il y a l’imperfection. Les erreurs sur la carte de Nantes qui ont créé de la conversation. Les 200 affiches de Bordeaux corrigées à la main.
L’authenticité compte plus que la perfection.
La bonne nouvelle ? Tu peux faire pareil.
Commence par planter des graines. Crée un projet personnel qui te ressemble. Montre-le. Démarche. Persévère. Les premiers retours mettent du temps.
Mais comme le dit Antoine : « Ces cartes, ce sont des objets qu’on met sur les murs… ça génère des projets. »
Marine, elle aussi, a osé tout quitter pour devenir illustratrice freelance sans école d’art. Son histoire prouve qu’il n’est jamais trop tard.
Retrouve Antoine Corbineau :
- Instagram : @antoine_corbineau
- Site web : antoinecorbineau.com (avec sa boutique de posters)
- Les Mini Mondes : minimondes.fr
Pour aller plus loin
Tu veux te lancer en tant qu’illustrateur freelance ou créateur indépendant ? On a créé un guide gratuit pour t’aider à démarrer du bon pied. Tu y trouveras des conseils pour trouver tes premiers clients, construire un portfolio solide et développer ton activité.
Et si tu veux découvrir d’autres parcours inspirants, explore les portraits des créateurs nomades. Tu y découvriras comment des photographes, graphistes, vidéastes et illustrateurs ont construit leur vie sur mesure.

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